On le savait déjà pour la Russie qui en 2012, avait banni l’organisation des parades de la fierté pour 100 ans. Voilà que la Hongrie emboîte le pas en interdisant de tels défilés sous peine d’une amende de 500$ par personne. Je suis parfois prophète de malheur et cet été ne fit pas exception. Quand j’ai vu le « catwalk » de Dionysos à l’ouverture des Jeux de Paris, j’ai dit que les conservateurs allaient en avoir assez de ce qu’ils appellent le cirque woke.

De mon côté, je comprends le rattrapage, la possibilité de pouvoir enfin crier haut et fort son identité sans avoir peur de la violence ou d’une ségrégation, après des décennies passées dans la noirceur d’un placard. Mais le froid et rationnel publicitaire que je suis était catégorique : 60% d’une population mondiale conservatrice et/ou religieuse ne peut se résigner à céder 30% de l’espace médiatique à 5% de la population. Des intolérants qui tombent en survie identitaire, c’est aussi dangereux que de venir en aide à quelqu’un qui se noie. Bien souvent celui-ci nous entraine avec lui au fond de la piscine.

Et ce qui change énormément la donne pour les intolérants, c’est toute la question du genre. On pouvait toujours dissimuler son orientation sexuelle mais difficile d’occulter les talons hauts et les prothèses mammaires.

Quel choix avait la communauté LGBT+? Continuer de se cacher ou profiter de l’évolution de la société pour s’affirmer? Le deuxième choix était la réponse logique. Cependant, suis-je pour qu’on me traite de cisgenre, qu’on ne m’appelle pas monsieur au cas où, ou bien qu’on dise à des enfants de 6 ans que le genre, comme l’orientation sexuelle est un choix subjectif et non le reflet de notre nature profonde, quelle qu’elle soit? Non. Est-ce une raison pour jeter le bébé avec l’eau du bain? Pas du tout. Tout se discute dans la bienveillance.

Mais qu’en est-il de ces fameux défilés qui semblent poser un danger à peine imaginable?

L’été dernier, mon épouse et moi sommes en voyage à Londres et à peine sommes-nous sortis du parc adjacent au Palais de Buckingham que nous nous retrouvons en plein défilé de la fierté bien malgré nous. Après l’explosion de couleurs et les extravagances, un étrange sentiment s’empare de moi. J’ai voyagé pas mal et j’ai eu mon lot de moments où j’avais peur d’un lieu ou d’un milieu, que ce soit d’être victime d’un vol ou d’une agression physique. Ici, en ce moment, je n’ai peur de rien. Les jugements ou la violence dans les regards n’existent pas. L’inclusion est totale. On chante, on crie l’amour et la tolérance. Je n’ai pas l’impression d’être l’hétéro observateur mais plutôt l’humain accueilli inconditionnellement… si je suis prêt à en faire autant, évidemment.

Une dose d’amour collective immense nous envahit, mon épouse et moi. Je marche et je me dis que certaines sociétés ont un problème avec les défilés de la fierté mais pas les parades militaires et les manifestations d’extrême-droite. C’est comme si la liberté d’expression s’arrêtait là où on tente de soustraire la barbarie et la haine du coeur des hommes. Je suis fasciné par ce que je vois, préférant de loin cette sortie à une veillée dans un bar de Nashville, où tous ont une façade chrétienne mais un gun dissimulé dans le dos de leur pantalon.

La dernière fois que j’avais vécu autant de bienveillance autour de moi fut les quelques fois où pour mon travail, j’avais enfilé le costume de Capi, la mascotte des Capitales de Québec, l’équipe de baseball. Tout le monde t’aime, c’est renversant.

Mais imagine quand ça t’arrive et que tu n’as même pas besoin de te déguiser.

On veut interdire ça…

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