Québec est de plus en plus belle. Je regardais ça ce matin de mon mirador, de ma tourelle à la vue imprenable : la bretelle de l’autoroute Dufferin qui surplombe le quartier St-Roch. J’ai eu le temps de tout voir, immobile pendant environ 30 minutes. Moi qui croyait faire une bonne affaire en me soustrayant à l’autoroute de la Capitale, j’ai changé quatre trente sous pour une piastre. C’est comme ça un peu partout, maintenant. Longtemps vue comme une façon rapide et efficace de passer du point A au point B, il est rendu de plus en plus compliqué de faire de simples trajets en automobile.

Qui veut sympathiser avec un automobiliste qui se plaint? Personne, à en croire Bruno et son administration qui semble venir d’une autre planète. Je suis un type dépassé qui n’a aucun respect pour l’environnement. Dans un monde idéal, prendre le bus, le métro ou le tramway est un concept extraordinaire. Je dis concept car c’est pas tout le monde qui a des heures devant soi pour faire des déplacements. SI je vais chercher ma mère pour l’emmener à un rendez-vous, c’est justement pour qu’elle n’ait pas à prendre le bus. Ai-je envie de trainer huit sacs d’épicerie dans le transport en commun? Ai-je deux heures devant moi pour aller me chercher de la peinture ou des fournitures graphiques chez De Serres?

Il faudra changer vos habitudes, M. Moisan. Excusez M. Mars mais ça fait 23 ans que j’ai mon bureau à la maison. SI y’a quelqu’un qui fait sa part pour la planète, c’est bien moi. L’heure et demie que je passe sur la route en ville par semaine est uniquement pour des trajets qui ne se font pas autrement. Mais il n’y’a plus d’aménagement pour ce genre de conducteur car la croisade menée contre les crapauds de métal, comme disait mon père, ne fait aucune distinction entre les utilisateurs raisonnables et les accros du volant. En plus, Bruno vient de m’imposer un autre 60$ de plus par année sur ma facture d’immatriculation pour financer le transport Collectif qui est déficitaire année après année. C’est quand même ironique de voir à quel point les verts ont besoin de mon char polluant pour se financer.

Je vis en ville et la pollution, je la respire quotidiennement. Y’a qu’à la pandémie qu’on avait l’impression d’être à la campagne. Les gens restaient chez eux, se déplaçant que pour l’essentiel. En 2024, ce qui est dépassé, c’est l’obsession de tout centraliser. Avec la technologie, ses moyens de production et de communication, l’idiotie, c’est de converger à un seul endroit. Ça fait 23 ans que je transige avec mes clients par écrit ou par téléphone et je n’ai jamais manqué de travail. Qu’est-ce que je fais de la vitalité de notre beau centre-ville? Hé bien, je l’emmerde car c’est ce qui tue toute agglomération qui est en croissance. On centralise car on se trouve beau gros. La pauvreté, la criminalité, des files de trafic interminables sont le lot de toutes les villes qui font ce vaniteux pari.

La CDP-Infra a remis son rapport « en toute objectivité » sur les impératifs pour assurer une bonne mobilité à Québec. Le tramway est sauvé. Curieusement, la CDP est également actionnaire d’Alstom, principal fournisseur dudit tramway. Donc, René-Lévesque est à oublier pour les voitures. Reste Laurier et chemin Ste-Foy. Sur ce dernier, on a décidé d’aménager une piste cyclable de plusieurs kilomètres, ce qui retranche une voie. Reste donc trois voies au total pour circuler d’est en ouest et vice versa. Malgré que René-Lévesque ne soit pas encore fermé, la circulation est déjà beaucoup plus dense sur Ste-Foy. Et les gens pédalent, respirant l’exhaust de voiture à pleins poumons, heureux de ce bel acquis empoisonné.

Il y avait pourtant un extraordinaire parcours de vélo à l’abri de la pollution que j’ai utilisé des années. Rejoindre un des principaux boulevard me rallongeait de moins d’une minute. C’est peu cher payé pour rester en santé.

Tous ces aménagements au centre-ville ne règleront rien à court terme et surtout pour la banlieue. Et si jamais le tramway ne règle pas tout, on fera quoi ? C’est évident que le transport en commun est la voie de l’avenir pour les travailleurs présentiels et les festivaliers. Pour les gens qui ont des besoins spécifiques, c’est peine perdue. Il faut voir le problème dans sa globalité et non désigner un seul coupable et faire la promotion d’une seule solution.

On a besoin d’un projet flexible car tout change et évolue constamment. Pour moi, le trambus électrique est une solution qui permettrait une plus grande flexibilité. Alstom ne doit pas en fabriquer… De plus, les pistes cyclables devraient être aménagées en retrait des grands boulevards au nom de la santé de ses usagers. Il y aura toujours des voitures dans 50 ans. C’est l’éléphant dans la pièce. Arrêtons de faire et de planifier comme s’il s’agissait d’une espèce en voie d’extinction.

En terminant, le seul véritable incitatif pour passer au transport Collectif est le coût à l’usager. Avec l’inflation, un laisser-passer mensuel ajouté au paiement d’une voiture dont la plupart des gens ne peuvent pas encore se passer est une équation perdante. 1$ par jour pour se déplacer à Québec et vous verrez, les véhicules de transport collectif seront bondés et la planète sauvée.

Finalement… c’est probablement moi Daniel Mars…

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