Ça faisait quelques années déjà. On avait presque oublié. Quand on veut à tout prix jouer au héros, on règle les problèmes et si il n’y en a pas, on en créé avant de les régler. Donald Trump nous avait servi cette recette à répétition lors de son premier mandat. On a qu’à penser à sa saga avec Kim Jong Un, où le baveux blondinet avait sauvé la mise après l’avoir lui-même mise en péril, les semaines auparavant.
Ça me rappelle la seule fois où j’ai eu recours à la médiation. Le gouvernement paie trois séances et les avocats/médiateurs le savent très bien. Je me rappelle de ce téléphone de l’homme de loi qui, à ma grande surprise, semblait ne prendre que pour moi. « J’en reviens pas de ce que vous me racontez. Lors de notre rencontre, M. Moisan, dites tout ce que vous avez à dire. C’est important. » Sans m’en rendre compte, un problème banal de gestion d’enfant allait se transformer en une confrontation sans merci. Le jour arriva et je suivis ses instructions à la lettre, après qu’il eut fait un interminable exposé, histoire de s’assurer que la rencontre durerait le temps prévu par son portefeuille. Pendant que je me « défoulais », j’ai compris la dynamique, j’ai compris ce qui était en train de se passer mais il était trop tard. La stratégie était simple. 1. On se déclare la guerre ou on en provoque une, 2. Le médiateur négocie la paix, 3. On signe une entente. L’important, c’est que ça dure trois épisodes, ce que le gouvernement paye. Le lendemain de la première rencontre, j’ai dit au médiateur que je débarquais de ce cirque, que j’avais compris sa stratégie et que celle-ci avait brisé ce qui restait de relation co-parentale fonctionnelle entre deux personnes. Il était furieux. Il nous a fait revenir pour signer une convention bidon car rien n’était réglé, tout en nous faisant poireauter deux heures dans sa salle d’attente, histoire d’en facturer trois.
Un vrai minable, quoi.
Regardez autour de vous. Combien de gens ne sont capables de communiquer que dans le conflit? Énormément. Élevez la voix, faites l’indigné et vous attirerez instantanément l’attention sur vous.
C’est ce cocktail de pathologies sociales qui dirige le pays le plus puissant du monde, en ce moment. C’est plutôt inquiétant. Chaque bravade, chaque insulte et chaque décret est calculé, mesurant la popularité, la rentabilité politique et l’assurance qu’il sera le grand responsable de la solution.
Quand ce terroriste économique et politique a décidé d’intimider le Canada, j’ai tout de suite pensé au pauvre type de la même race qu’était notre médiateur. Et encore une fois, j’ai décroché.
Le terrorisme était à la base utilisé pour décrire un système social, comme on le fait pour le capitalisme, le communisme, le socialisme. C’est après la Révolution française, quand on vous coupait la tête si vous osiez vous opposer aux nouvelles valeurs républicaines, qu’on a commencé à utiliser cette expression. Le mot a dévié de sa signification originale lors des premiers attentats de l’Irgoun, mouvement sioniste dans les années 20, dans une Palestine sous protectorat britannique. Ensuite, avec le 11 septembre, l’expression a officiellement déménagé dans le dictionnaire.
Donald Trump vient de lui redonner sa signification originale. Il purge, ridiculise ou radicalise tout ce qui n’est pas de son avis, allant même jusqu’à annuler le service de sécurité de John Bolton et Mike Pompeo, les deux ayant activement participé aux multiples contentieux entre les USA et l’Iran avec pour conséquence de voir leur tête mise à prix par la république Islamique.
À plus petite échelle humaine mais à grande échelle économique, ce criminel condamné pour fraude, abus sexuel et diffamation, chante son opéra de la terreur, ses partisans buvant ses paroles comme s’il s’agissait d’un puissant élixir, comme s’il était un preacher, un gourou.
Ça sonne faux. Très faux.