Politicien municipal, j’ai eu mon baptême à Infoman et je l’ai très mal pris. Les informations mentionnées à mon sujet étaient fausses mais comment peut-on faire rire le public quand on n’exagère pas, voire ne diffame pas? On nous dit que ce sont les aléas de la politique. Vraiment? Est-ce rendre service à la démocratie que de tourner en ridicule ceux et celles qui sacrifient énormément pour leur communauté? Pense-t-on que cela va se traduire en respect pour nos élus lors des conseils de Ville? Non. Au contraire, Jean-René ouvre la voie à l’irrespect, souvent sur la base de faits tronqués ou de simples opinions juste pour humilier et faire rire. On ne sort jamais vraiment de la cour d’école, de ce bullying binaire nous gardant toujours un lien avec l’homme de Néandertal.
Est-ce que tous les politiciens méritent notre respect? Évidemment que non mais de là à ce que tous les politiciens méritent de se faire intimider, il y a un monde.
Dans les derniers jours, mon univers a un peu basculé et j’ai pris un pas de recul. Je suis parti m’acheter une guitare à Montréal. J’arrive chez un type à qui j’avais déjà acheté un instrument avant la pandémie. Tout en grattant sa Rickenbacker qui allait bientôt devenir mienne, je lui raconte ma mésaventure radio-canadienne. Le type me regarde. « Veux-tu que je te console? Viens, je vais te montrer quelque chose ».
Je le suis, intrigué jusqu’à son ordinateur. Mon ami a un band/personnage appelé Kitch. Amalgame entre Plume et les Frères à Ch’val avec un son plutôt 70’s, le type porte une perruque et des lunettes fumées, un bandeau sur la tête. Björn Borg avec une guitare. C’est léger et drôle. La mélodie est là. Il me montre son passage à l’émission Quel talent.
J’ai jamais vu quelqu’un se faire ramasser comme ça. La prestation était pas top à cause de la nervosité mais de là à détruire complètement les musiciens, il y a encore une fois un monde.
Ils avaient pourtant été sélectionnés après l’envoi de leur CD. Est-ce à dire qu’ils avaient réellement des chances ou c’était juste dans le fond de la bonne chair à canon? À voir Serge Denoncourt leur vomir dessus, on comprend que tout ça est prémédité. On ne pré-sélectionne pas quelque chose d’aussi « détestable » si ce n’est que pour justement, le détester. C’était absolument délirant. Répliques assassines, mauvais montage… tout pour les faire passer pour des caves. Mais mon ami était malgré tout content. Pas d’avoir passé à la télé mais plutôt que les passages les plus violents et intimidants ne se soient pas retrouvés dans la version finale de l’émission. Genre, heureux de conserver sa main droite après s’être fait couper un bras et deux jambes.
Quelle rage, frustration ou complexe nous pousse à la méchanceté et à autant aimer la regarder? Est-ton minables à ce point-là? Ces vedettes se disent qu’on devrait se la fermer, que c’est un privilège de passer à la télé et d’être associés à eux, même en mal. Voilà, leur conscience est soulagée.
Mais au fond, ils sont les bourreaux engagés par qui? Par le public, frustré de sa pauvre vie et qui en redemande encore et encore pour se venger dans son salon de n’être qu’un pâle et fade reflet de ses rêves ratés.
Beau portrait.
