Dans moins d’un an, le Québec sera appelé aux urnes. Qui remplacera la CAQ, à moins d’un revirement improbable? Quelles sont les forces en présence et comment se déroulera cette campagne? Comme dirait la gitane : Yé vois…
Le Parti Libéral
Je n’ai jamais compris le choix de Pablo Rodriguez comme nouveau chef jusqu’à tout récemment. Montréal a élu une mairesse associée aux nouveaux arrivants. La Métropole est prête à ne plus avoir un ou une Tremblay à sa tête. L’heure est venue d’avoir des élus représentatifs du portrait démographique des lieux avec pour nom, entre autres, Martinez Ferrada. Avec un seuil d’immigration qui a fracassé des records dans les dernières années. M. Rodriguez se pointe à Québec avec cette image d’une société multiculturelle, forte d’une stratégie de dilution du vote francophone mise en place par le gouvernement dont il a fait partie, en favorisant l’arrivée massive de nouveaux arrivants au Québec.
Le discours libéral en sera un de tolérance et d’accueil, s’emparant du vote allophone, des nouveaux arrivants et des anglophones. Les immigrants représentent 15% de la population du Québec, ne l’oublions pas. Même s’ils n’ont pas tous le droit de vote, ils seront très nombreux à faire la promotion de ce nouveau Québec.
On traitera le PQ de raciste, de xénophobe, de polariseur. On fera tout pour l’associer aux années 70, aux chicanes et à un mouvement nostalgique et dépassé.
Le Parti Québécois
Paul St-Pierre-Plamondon représente la jeunesse et ses aspirations, ses rêves. Avec les Boomers, ce sera la base de ses électeurs. Il jouera sur l’urgence de sauver la culture francophone mais marchera sur des oeufs pour vendre le projet souverainiste aux communautés culturelles et religieuses.
St-Pierre-Plamondon devra trouver une stratégie. Offrir par exemple une régularisation et une citoyenneté plus rapide aux immigrants dans un Québec souverain serait une bonne piste.
Beaucoup d’électeurs se sentiront divisés entre le côté bonne gouvernance de ce jeune candidat et l’agenda souverainiste de son parti. Une fois élu, ils pourront toujours voter NON, se diront-ils.
La donnée inconnue est comment les Québécois francophones vont se comporter car à l’opposé de 1980 et 1995, le français est réellement menacé tout comme la culture québécoise en 2025.
L’autre imprévisible est le caractère du chef, comment réussira-t-il à se défendre sans trop faire la moue, lui qui subira la majorité des attaques, étant l’actuel meneur dans les sondages.
Le Parti Conservateur
Il va définitivement mieux performer avec le vote conservateur, fédéraliste et xénophobe-catholique-traditionnel et surtout, des libéraux n’acceptant pas le nom Rodriguez sur le bulletin de vote.
Eric Duhaime se fera alarmiste et anti tout ce qui ne correspondra pas à ce qui constitue les valeurs conservatrices-libertariennes, s’attaquant à l’immigration, tout en essayant d’accorder cette position face à la réalité des travailleurs saisonniers ou tout ce que la main d’oeuvre immigrante contribue en matière de croissance économique. Ce sera son défi. Il s’attaquera au bilan de la CAQ de façon virulente afin de lui arracher des votes et associera un maximum Rodriguez à Trudeau, ce qu’ils feront tous plus ou moins.
Le Parti Conservateur sera sans merci, soucieux d’entrer pour vrai à l’Assemblée Nationale, y allant d’attaques qui vont voler très bas, étant conscient que c’est probablement le dernière chance de connaitre un minimum de succès.
Québec Solidaire
Voyant la possibilité d’une élection du PQ, ses supporteurs souverainistes le délaisseront, tout comme plusieurs immigrants voyant l’arrivée de Rodriguez comme une possibilité d’accéder au pouvoir au lieu d’être éternellement dans le village gaulois des laissés pour compte qu’est QS.
Restera la gauche pure et dure qui ne sera peut-être pas suffisante pour empêcher le parti de se voir décimé totalement comme le NPD au fédéral.
Reste à envisager une fusion avec le PQ mais ce dernier, si près du pouvoir, a-t-il besoin de s’encombrer d’éléments gauchistes qui risquent d’inquiéter encore plus les marchés, déjà ébranlés par la perspective d’un gouvernement souverainiste?
La Coalition Avenir Québec
C’est pas mal foutu pour cette dernière. La seule chose qui pourrait sauver la mise et qui jetterait une douche d’au froide sur l’ensemble des autres partis: L’arrivée de Mario Dumont comme chef.
Excluant ce scénario Cendrillon, la CAQ n’existera plus après le scrutin, comme l’Union Nationale de Roch Lasalle ou le Crédit Social. Le parti a réussi à se faire détester autant par les médecins que les patients, les employés et les patrons.
Ce sera la fin des haricots et le Parti Libéral, comme le PQ et le Parti Conservateurs se partageront les vêtements de la pauvre CAQ.
Qui gagnera?
Le PQ devrait l’emporter mais avec le paysage démographique du Québec qui change à vue d’oeil, ça devrait être un dernier tour de piste pour la formation, une tournée d’adieu, à moins de gagner le prochain référendum ou de renoncer à celui-ci.
Les Libéraux pourraient causer une surprise mais il s’agirait d’un gouvernement minoritaire qui devra pactiser avec les Conservateurs ou Québec Solidaire pour tenir à flots dans une mer qui sera très agitée.