Mathieu Bock-Côté. On l’aime ou on l’aime pas. Je ne crois pas qu’il laisse personne indifférent avec sa prose soignée au débit étourdissant, son ton tranchant et son complet trois pièces qui nous fait nous demander si Jacques Parizeau ne le possède pas de temps à autre.

J’ai pris le temps de regarder son passage à Tout le monde en parle cette semaine. Le polémiste vient de lancer un bouquin intitulé Les deux occidents où il décrit de façon plutôt réductrice les deux (seuls?) courants de pensée occidentaux de masse : le trumpisme américain et le wokisme européen.

J’écoute le type déblatérer et expliquer ses équations identitaires pour en arriver à un plaidoyer souverainiste passionné et intriguant. Tout ce que dit Bock-Côté se tient… dans la mesure où il contrôle la ligne du temps.

Le pauvre peuple québécois est menacé par l’immigration massive. Oui. C’est vrai. Aussi vrai que le pauvre peuple autochtone a été presqu’éradiqué par « l’immigration massive » de colons français et anglais. Évidemment, il n’en fait pas de cas. L’histoire du Québec semble avoir débuté en 1608 avec l’arrivée de Champlain. Un peu comme les gens qui disent que le conflit israélo-palestinien a commencé le 7 octobre. La ligne du temps arrange bien des choses et bien des gens…

Et parlons-en du problème de l’immigration et justement, de l’occident. L’immigration n’est pas un problème mais plutôt la conséquence des agissements de l’occident à l’endroit de pays riches en ressources mais pauvre pour tout le reste. Au lieu de développer des économies fortes basées sur leurs richesses, on voit plutôt des régimes corrompus où une élite se la coule douce en échange de richesses naturelles à rabais pendant que sa population est non-éduquée, affamée et souvent radicalisée car le paradis attend les pauvres d’ici-bas, du moins, c’est ce qu’on leur dit.

Régler le problème de l’immigration, ça commence par l’occident qui doit quitter ces pays à défaut d’y commercer équitablement.

Moi, quand je vois un réfugié se pointer ici parce que ma société a conspiré pour lui empoisonner la vie chez lui, parce ma société préfère payer ses iPhones 1000$ au lieu de 3000$ en sacrifiant la dignité de gens qu’elle ne connaît même pas, je me dis qu’il peut bien parler anglais si ça lui chante, il ne nous doit rien car on lui a déjà tout pris chez-lui.

C’est ça que ça donne, les raccourcis intellectuels. On ne déracine jamais le problème au complet quand on coupe la racine à la hauteur de notre orgueil.

Je me suis demandé, quand j’ai vu le peu de répartie de Guy A. Lepage à l’endroit de l’alarmiste quatre épingles si c’était dû soit à son manque de maîtrise du sujet, soit son incapacité à lui couper la parole ou tout simplement une capitulation face à un abrasif intellectuel qui est dans le courant de pensée polarisant, sans appel et sans échange pour l’ensemble de sa rhétorique.

Heureusement que nous sommes en 2025. Sinon, le bulldozer idéologique aurait peut-être fini comme Giordano Bruno, penseur de la Renaissance brûlé vif pour hérésie… On l’a plutôt écouté poliment monologuer en plein prime time à la Société d’État.

Pas si mal, non ?

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