J’ai écouté et regardé ladite entrevue de Guillaume Lemay-Thivierge avec l’animateur Patrick Lagacé. Celle-ci fait grand bruit sur la toile, actuellement.

Visiblement non remis d’avoir été honni par la sphère médiatique, que ce soit par ses frasques, du mot en N jusqu’aux Gémeaux, en passant par sa position sur le vaccin lors de la pandémie, Lemay-Thivierge était fragile. Pas Lagacé.

Décembre 2019, un proche me parle de son voyage à venir en Thaïlande et je lui demande s’il a regardé les nouvelles. Oui, car y’a un virus en Chine qui semble dangereux et j’ai bien peur qu’il se retrouve en périphérie sur le continent. Mon ami rit, invincible qu’il se croit. Je lui dis d’au moins se prendre une assurance-annulation de voyage. Il rit encore plus. Il a finalement perdu pas mal d’argent.

Janvier-février 2019. Je me questionne sur ledit virus et je m’amuse à faire une règle de trois. Le nombre de cas de grippe aux USA dans les 10 dernières années et le nombre de morts versus le nombre de cas de Covid en Chine et le nombre de morts. C’était simple de même. Je me rends compte que ce n’est pas une petite grippe d’homme. Le taux de mortalité est de nombreuses fois supérieur à celui de la grippe conventionnelle. Je deviens inquiet. Je publie sur les réseaux sociaux que si ce virus se rend jusqu’à nous qui n’avons absolument pas la discipline des Chinois, ce sera la catastrophe.

Un ami me traite d’alarmiste et de fallacieux. D’autres me disent que je regarde trop de films d’horreur. Pourtant, j’ai pris des chiffres réels et je n’avais pas envie d’avoir peur de la maladie avant mon exercice. Ça m’intriguait seulement. J’ai répondu : vous m’en reparlerez dans un an. Personne ne m’en a reparlé.

Le 3 mars 2020, Patrick Lagacé publiait une chronique où il affirmait ne pas avoir peur du coronavirus. Je me rappelle l’avoir interpellé sur un statut Facebook. Je l’avais traité d’irresponsable d’affirmer cela dans sa position non seulement de leader d’opinion mais de journaliste-chroniqueur faisant partie d’un média d’information. J’ai trouvé ça dangereux et je l’ai dit. Probablement le seul moment de la pandémie où Lagacé a eu la faveur des conspis. Si un nono comme moi avait eu l’intelligence de faire un simple calcul concernant le potentiel de la Covid, comment se fait-il qu’un gars qui travaille dans un média n’ait pas les mêmes réflexes de validation et de projection? Il a depuis ajouté une notice à son papier, expliquant qu’au moment d’écrire ci ou ça, il ne savait pas ci ou ça. Le genre d’excuse contextuelle qui jure, car tricotée avec une autre couleur de laine… un peu le style d’excuse que l’animateur reproche à Lemay-Thivierge d’utiliser.

Guillaume voulait attendre un autre vaccin. Était-ce une excuse pour ne pas se faire vacciner, histoire de gagner du temps? Ça se peut. Était-ce sincère, dans le contexte où il faut en convenir, on s’est quand même fait injecter de quoi conçu en vitesse sur le bord du comptoir donc souhaitait-il la dernière mouture au nom de son hypocondrie évidente? Ça se peut aussi.

Quoi qu’il en soit, le message que les gens ont retenu c’est que Guillaume était un anti-vax avec tous les attributs de coucou qui viennent avec. Les journalistes ont beau se défendre d’avoir fait leur travail, ils ont surestimé le lecteur quant à sa capacité de comprendre les nuances dans tout ça. Il a été crucifié, tout comme ses proches, indirectement.

Le reste de ses frasques, je les attribue à une dépression ou à une grande fragilité émotionnelle, rendant le type à la fois erratique et désespéré de se réveiller de ce terrible cauchemar et de reprendre sa place dans le quotidien des gens.

Non. Guillaume, c’est de ta faute, point. Aucun contexte, aucune empathie. Dans le monde des parfaits, tu n’es plus le bienvenu. Ta dépression et tes idées noires, ta femme, tes enfants, on s’en câlisse. T’avais juste à ne pas donner ton opinion et à te faire vacciner comme tout le monde.

J’ai attendu pour me faire vacciner. Oui. J’ai eu mes trois shots mais j’ai étiré quand même. Je trouvais surréel qu’on puisse développer un vaccin aussi vite. Je l’ai fait pour ma mère et les gens âgés que je côtoyais. Est-ce mon côté artiste? Je le sais pas mais entrer dans le rang n’a pas été un automatisme. Je ne crois pas être le seul à y être allé là à reculons.

C’était un moment certes paniquant, surtout pour les gens qui ont de l’imagination. Certains avaient peur du vaccin et d’autres n’avaient pas peur du virus. Deux raisonnements de gens qui manquent d’information donc de jugement, leur peur ou leur déni – tout aussi irrationnels l’un que l’autre – finissant par prendre le dessus.

Guillaume et Patrick, moi… ça fait longtemps que je vous ai pardonnés 🙂

Joyeuses Fêtes !

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